Alfred FROST

La vie d’Alfred Frost est celle d’une existence simple que l’antisémitisme vient percuter de plein fouet. Le camp du Vernet est pour lui une étape dans un périple sinistre pour tenter de vivre en paix avec sa famille.

La famille d’Alfred Frost est établie à Vienne, en Autriche, depuis le 18ème siècle.

Il épouse Regina Adler, dont la famille est originaire de Wadowice en Pologne, et installée à Vienne. Leur petit garçon, Kurt, voit le jour en 1927, suivi 10 ans plus tard d’une petite Gertrude (Gertie). Alfred vend du matériel électrique qu’il exporte vers les Balkans et sert comme officier pendant la Première guerre mondiale. Cette famille totalement assimilée et non pratiquante voit son existence basculer après l’annexion de l’Autriche en 1938 : Kurt est exclu de l’école et les biens d’Alfred sont confisqués, l’interdisant d’exercer sa profession.

Le couple envoie Kurt en Belgique dans un home d’enfants (maison d'accueil pour enfants) avant qu’il ne soit rapidement pris en charge par la famille Korn, qui a un garçon du même âge. Alfred, Regina et Gertrude parviennent à rejoindre la Belgique et s’installent à Antwerpen. Le lendemain de l’invasion de la Belgique par l’armée allemande le 10 mai 1940, Alfred est arrêté par les autorités belges comme « étranger ennemi » et déporté vers le camp du Vernet d’Ariège.

Alfred Frost, 1941. ©USHMM. Source : Mordechay Frost

Regina tente d’entrer en France, et face aux difficultés qu’elle rencontre, elle opte pour une solution osée : se présenter aux autorités allemandes avec la médaille de combattant de la Première guerre de son mari et les convaincre de la laisser passer la frontière. Le commandant l’autorise et Regina et ses enfants arrivent jusqu’à Agen, dans le Lot-et-Garonne, en train militaire.

Réfugiés au camp d’internement de Varembé, 1942. Staatsarchiv Aargau/Willy Roetheli/RBA1-10-75_2

Camp de Varembé, Genève, 1942 ©Staatsarchiv Aargau/Willy Roetheli/RBA1-10-75_2

Alfred est alors affecté à une brigade de travailleurs volontaires et cette situation lui permet de rejoindre sa famille. Mais la situation des Juifs de France devient dramatique en 1942 et les Frost optent pour faire fuir leurs enfants vers la Suisse à l’aide des Eclaireurs israélites de France. Kurt et Gertrude arrivent au camp de Varembé à Genève en septembre 1942 avant d’être séparés.

Alfred et Regina restent en France, mais en 1943, prévenus in extremis qu’ils allaient être arrêtés, ils parviennent à fuir de nouveau et arrivent à Nîmes où un passeur les conduit jusqu’à la frontière suisse. Ils sont internés séparément en Suisse dans des camps de travail jusqu’à la fin de la guerre, où ils obtiennent un permis de résidence. Il restent en Suisse jusqu’à la fin de leur vie.