Le camp
Dormir
Cinq minutes plus tôt, nous étions décontenancés devant cette écurie obscure, humide et froide qui, dès lors et pour combien de temps encore, allait devenir jour et nuit notre demeure. Maintenant nous avons un lit « haut de gamme », ce sont donc ceux « d’en bas » qui, à chacun de nos mouvements, recevront la saleté et la poussière de paille sur la tête, eux et pas nous. Nous avons même un trou par lequel passe la lumière mais aussi le vent des Pyrénées. Il laisse toujours pénétrer les bourrasques de pluie, certes, mais aussi la lumière !
Jules, Friedrich Wolf
Igor Jasinski, interné de novembre 1939 à mars 1941, dessin non daté ©Coll. Amicale du camp de concentration du Vernet d’Ariège
L’arrivée dans la baraque et l’attribution d’une couchette est une épreuve aux airs de rite de passage pour l’interné. De la place obtenue découlent de nombreuses conséquences sur le quotidien : une place en hauteur évitera de recevoir les chutes de paille de la couchette supérieure ; la proximité avec le poêle, à partir du moment où les baraques disposent d’un poêle, limitent les effets du froid mordant qui règne dans les baraques ; l’amitié et la fraternité avec les camarades de châlits limitent les vols et les bagarres. Les internés sont confrontés à ces questions dès leur arrivée.
Donc, nous sommes arrivés dans ce camp. Et, après avoir été parqués comme de véritables bestiaux, nous fûmes fouillés. Tous nos papiers personnels, photo de famille et tout ce qui pouvait nous être cher, fut confisqué ainsi que notre argent. Photographiés de face et de profil, nous fûmes reparqués dans les baraques en bois qui contenaient entre 150 et 180 internés, suivant l'affluence. On peut appeler ces baraques la maison des courants d'air… Une seule paroi de bois toute disjointe. Le toit est recouvert de papier goudronné, quelques petites ouvertures et une porte de chaque côté. Des couchettes les unes sur les autres et voilà la case... ces baraques sont construites depuis plusieurs années et très délabrées.
Carnet anonyme – archive suisse
« Intérieur des nouvelles baraques ». Extrait d’un rapport du Ministère de l’intérieur, 1941. ©Archives nationales
Les couchages prennent des formes différentes selon les époques, et toutes les places ne se valent pas. Aux plateformes de bois qui courent tout le long de la baraque succèdent des châlits séparés.
Certains parviennent à isoler un espace, comme Rudolph Leonhard dont le coin aménagé est appelé « chambre » par les internés et fait la curiosité des dessinateurs du camp. Mais ce qui peut apparaître comme un semblant de confort révèle d’abord un internement qui dure.
La « Chambre » de Rudolph Leonhard, 27 septembre 1941. Carlos Duchatellier. ©Coll. Amicale du camp de concentration du Vernet d’Ariège.
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Cette exposition est constituée de 15 panneaux. Son prêt est gratuit, il est cependant obligatoire de l'assurer pour la durée de son utilisation, en incluant les jours de transport aller & retour. Sa valeur est de 1300 €. Vous devrez laisser un chèque de caution de 150 € qui vous sera rendu après retour et vérification. Le transport aller & retour est à la charge de l'emprunteur.
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