Le camp

an abstract photo of a curved building with a blue sky in the background

Organisation, architecture, évolution

La vocation répressive du Vernet d’Ariège place ce camp sous l’autorité du ministère de l’Intérieur dès septembre 1939. Il préfigure l’organisation qui prévaudra dans les camps français à partir de l’été 1940. Le ministère recrute ainsi les directeurs et les cadres parmi les officiers et sous-officiers de réserve ou en congés d’armistice. Mais les compétences ne sont pas au rendez-vous face au manque de candidats et aux salaires peu attractifs.

Les grands camps supposent l’intervention de nombreux services et de sous-sections. Au Vernet, le directeur a 16 services sous son autorité, dont 5 qui ne relèvent même pas de son ministère (PTT, Ponts et Chaussées, culte, gendarmerie…). De son côté, le gestionnaire du camp se charge des questions pratiques telles que la comptabilité, le ravitaillement, les transports, le greffe, les travaux des internés…

Extrait d’un rapport du Ministère de l’intérieur, 1941. Archives nationales

1939-1940

Après le départ, en septembre 1939, de 7 276 Républicains Espagnols, transférés vers le camp de Septfonds dans le Tarn-et-Garonne, le camp est réaménagé et s’organise. Une note de l’administration du camp indique le 22 septembre : « Après l’évacuation, 385 réfugiés classés travailleurs, ont été maintenus provisoirement en vue du nettoyage et aménagement au camp du Vernet. »

Cet aménagement consiste à cloisonner le camp en quartiers qui regroupent, à partir du mois d’octobre 1939, les futurs internés considérés comme « étrangers indésirables ». La répartition dans ces quartiers est liée aux motifs d’internement :

Quartier A

8 baraques

Internés de droit commun

Quartier B

19 baraques

Internés politiques ayant fui les dictatures en Allemagne et en Italie. Pour la plupart des intellectuels, des écrivains, des journalistes ou des artistes

Quartier C

18 baraques

Tous les autres Étrangers indésirables, dont les raisons de l’internement sont parfois obscures

Quartier T

3 baraques

« Internés en transit »

Photographie aérienne du Camp du Vernet, 1939. Service historique de la Défense à Vincennes, cote SHD7NN3486

1941

Des travaux en mars 1940, puis en 1941, inscrivent le camp dans la durée en consolidant le provisoire. Les photos ci-dessous sont extraites d'un rapport d'inspection réalisé le 22 décembre 1941 conservé par les Archives nationales. Elles offrent un aperçu réaliste du camp à cette époque.

On trouve aussi dans le camp un « hôpital », où exercent deux médecins du camp, ainsi que les bureaux de l’administration et le cantonnement des gardes non mariés, que les internés espagnols appellent « El Campo Francés ». La cité des gardes mariés se situe de l’autre côté de la route nationale 20.

Vue de l'hôpital et de la chapelle. Extrait d’un rapport du Ministère de l’intérieur, 1941. Archives nationales

1942

Les deux plans ci-dessous, datant respectivement de 1942 et de 1939-40, permettent de voir l'évolution du camp au fur et à mesure des années.

Plan de la baraque dédiée au service d’information. 14 décembre 1940. ©AD09 5W121

1944

La photographie aérienne ci-dessous, prise depuis le château d'eau à l'entrée du camp, montre des baraques en dur ou dont les parois de bois ont été enduites à la chaux, afin de les faire durer plus longtemps.

Photographie prise depuis le toit du château d'eau du camp, entre 1942 et 1944. ©Archives municipales de Pamiers

De 1950 à nos jours

Après sa fermeture, le camp va peu à peu être rendu à la vie civile et aux agriculteurs. Les baraques vont être démantelées, parfois déplacées ailleurs. Au fil des années, il va disparaître. Il ne reste aujourd'hui que quelques traces, les piliers de l'entrée, le château d'eau, les baraques des gardes transformées en habitations domestiques ainsi que le cimetière.

Cet aperçu avant-après, entre 1950 et 2024, illustre la disparition progressive du camp.

Faites glisser la barre blanche de gauche à droite pour voir l'avant-après