TSIN Die

Le parcours de Tsin Die, de nationalité chinoise, est intéressant pour comprendre l’absurdité de l’internement tel qu’il est pensé par les autorités françaises et nous rappelle que les mesures d’exclusion touchent tous les étrangers.

On ne connaît pas le parcours de Tsin Die avant son internement, mais il est identifié comme « marchand » sur ses documents administratifs. On peut penser que sa profession en lien avec le commerce l’a conduit à s’établir plus ou moins durablement en France. En 1940, il a 31 ans.

Au contraire de nombreux étrangers sur le sol français à la fin des années 1930, la plupart des Chinois n’ont pas fui leur pays pour des raisons politiques et il n’est pas dangereux pour eux de retourner en Chine. Cependant, les nouvelles règles visant l’assignation à résidence des étrangers, à partir de 1938, et plus encore en 1940, vont avoir de lourdes conséquences pour les professions ambulantes et notamment les représentants de commerce. Pour exercer son métier, Tsin Die doit se déplacer, mais cela lui est désormais interdit. Pour s’établir durablement il doit travailler, cependant il ne lui est plus possible d’exercer son travail sans se déplacer. Les autorités le considèrent donc « en surnombre dans l’économie nationale » et il doit quitter le territoire français. Entreprendre un tel voyage, en 1940, est particulièrement compliqué et très onéreux.

Dans l’impossibilité de résoudre cette équation, Tsin Die est interné à partir du 29 mars 1940 au camp de Roland-Garros avant son transfert vers le camp du Vernet d’Ariège, où il reste près de deux ans. Des négociations pour sa libération sont menées par l’Ambassade de Chine sans que l’on connaisse réellement l’issue de ces échanges. Tsin Die obtient son transfert vers Marseille en juin 1942 afin d’être incorporé dans un groupement de travailleurs étrangers, ce qui pourrait être une stratégie pour se rapprocher d’une des principales portes de sortie de France.

Demande de rapatriement pour Tsin Die de la part de l’Ambassade de Chine à Vichy, 1940. Archives départementales de l’Ariège

Les autorités chinoises financeront le retour de certains de leurs ressortissants, pris au piège dans cette situation. Il est possible que Tsin Die ait bénéficié de cette opportunité.